Evi est pressée, alors dans le métro elle se fraie un chemin dans la foule en bousculant les gens qui entravent sa route. Elle n'a jamais aimé ce tube métallique, encore moins ses souterrains. C'était trop similaire au placard dans lequel son père l'enfermait pour qu'elle puisse y évoluer sans angoisse : sombre, étriqué, sans issue. Parfois elle pouvait y rester bloquée des heures lors de pannes, sa hantise depuis qu'elle en avait fait les frais une ou deux fois. Alors lorsque l'air frais du mois d'octobre lui mord les joues, elle respire enfin. Littéralement. Et même si elle attire quelques regards perplexes, elle reste plantée là devant la bouche de métro à inspirer de grandes bouffées d'air pur. Le coeur qui bat, encore affolé par son passage dans le cercueil de fer. D'ordinaire, Evi faisait tout pour éviter d'y aller : elle prenait un vélo, un taxi qu'elle ne payait pas préférant utiliser son don, elle conduisait parfois, rarement. Mais le métro restait une solution de dernier recours.

Elle était pressée, donc.

Acacio l'avait appelée quelques heures plus tôt, sans accepter de lui dire le pourquoi de sa venue au téléphone. Il avait seulement précisé être accompagné et avoir besoin de lui parler de vive voix, au plus vite. Evi avait donc quitté l'agence immobilière dans laquelle elle travaillait pour s'engouffrer dans le métro sans plus réfléchir. Si entre eux, ça n'était pas toujours des plus calme, elle appréciait toujours Acacio. Lui faisait confiance et là était suffisant pour mesurer l'affection qu'elle lui portait elle la lionne se méfiant de tous. Leur histoire, aussi courte qu'intense, demeurait dans le passé et si le jeune homme en était devenu amer, Evi elle n'avait jamais cessé de le porter dans son coeur. En tant qu'ami. Bien sûr.

Evi arriva chez elle aux alentours de dix-neuf heures, la nuit déjà tombée lui glaçait le sang mais elle n'en laissait rien paraître. Elle ne réussi à se détendre qu'une fois à l'intérieur du loft, seul endroit où elle se sentait réellement en sécurité hormis lorsqu'elle se trouvait au refuge. Et à peine posa-t-elle ses affaires dans l'immense pièce à vivre qu'on sonna à sa porte.

Acacio.

Sans aucun doute. Elle n'attendait personne d'autre de toute façon, mais sa nature prudente la poussa à se méfier de l'inconnu qui se trouvait derrière sa porte. Comme si l'ampleur que doucement prenait le refuge s'ancrait dans son esprit, complication imprévue qui la poussait à être de plus en plus réfléchie jusque chez elle. Sur ses gardes, constamment. Son don n'était pas une solution à tout et viendrait le moment où l'on trouvera le moyen de lui résister. Evi n'était pas suffisamment aveugle pour se penser invincible. Elle n'avait pas des yeux partout, ne pouvait pas tout contrôler. En était consciente. Mais en regardant à travers le judas elle s'aperçut qu'il ne s'agissait que de son ami. Soupirant, elle ouvrit la porte se décalant par la même occasion pour les faire entrer rapidement. "Je t'attendais." dit-elle, accompagné d'un mince sourire. Anxieuse. Elle n'aime pas les surprises et ne peut s'empêcher de dévisager la personne qui accompagne le brun. "Entrez." qui sonne comme une invitation pressée. Derrière eux, elle s'empresse de fermer la porte, tout en tâchant de ne pas laisser transparaître son anxiété. Pire que les surprises, Evi déteste recevoir des gens qu'elle ne connait pas chez elle. Acacio le sait, pourtant, pour le lui avoir déjà dit une fois. "Tu nous présente ?" demande-t-elle à Acacio, un brin sèche, irritée d'être prise au dépourvu chez elle. Surtout lorsque le mutant connait ses aversions. Evi esquive les banalités, les bonsoir et les comment ça va pour sauter dans le vif du sujet. Impatiente de savoir voir ce qui était si urgent, Acacio ne la contactant que trop rarement depuis leur rupture.

« Tu l’as ferme et tu me laisse faire… » Le mutant me regarde étrangement, il semble contrarié par ma façon de parler. Qu’importe, je ne suis pas de bonne humeur, et encore moins en sachant que je vais devoir me retrouver une fois de plus en compagnie de mon ex. Relation brève peu de temps après ma rupture avec Camille, il était évident que ça ne pourrait pas fonctionner, pas marcher. Je n’en étais pas amoureux…J’aurais pu, certainement avec le temps, si la relation avait continué et c’est bien pour cette raison que tout avait stoppé. Sauf qu’elle, envoyant que j’allais rompre, elle m’a pris de court. Futilité enfantine, depuis, je ne la vois plus que comme une gamine qui n’a pas les couilles de laisser faire les choses. Rancœur tenace, elle m’empoisonne l’esprit et ce depuis bien des années, avant même Evi. Et pourtant, je sais faire la part des choses, je sais ne pas mélanger vie priver et boulot. C’est pour cette raison que je l’aide, que je la mets en contact avec des mutants qui ont besoin d’aide alors que mon frère, lui, ne peux rien pour eux. C’est d’ailleurs pour cette unique raison que je l’ai contactée plus tôt dans la journée, annonçant que j’avais besoin de la voire. Je n’approfondis pas le sujet, suspicieux, nous pourrions être écoutés. Oui, j’en deviens parano, certainement, mais je préfère la prudence à son contraire. Je monte dans mon véhicule, laissant le mutant s’installer à mes côtés. Directement, je lui ôte la vue, je l’ai averti, il ne bronche donc pas, trouvant néanmoins ça très désagréable. Qu’importe, il fera avec. Démarrant, j’ai positionné mes lunettes de soleil devant mes yeux, cachant mes orbites noir ébène qui annoncent l’activation de mon don souvent compliquer à gérer, à comprendre aussi.

C’est peu de temps après que je me gare devant l’installation de la jeune femme. Attrapant le bras du mec en question, je le guide jusqu’à l’entrée et ce, toujours aveuglé. Lorsqu’il s’agit de gérer un sens je peux gérer, mais dès que ça dépasse un seul, ça devient plus compliquer pour moi, mon corps en prenant un sacré coup. Je sonne calmement, toujours mes lunettes devant les yeux alors que la porte s’ouvre. « Salut. » Dis-je simplement alors qu’elle semble irritée par mon intrusion, mais surtout celle de l’homme. Rien à foutre, je ne suis pas du genre à m’embarrasser des humeurs de mademoiselle. Entrant en poussant le mutant à l’intérieur, je retire mes lunettes et mes yeux commencent à redevenir normaux, annonçant que l’homme pouvait de nouveau voire ce qui se tramait autour de lui. « Caches ta joie. » Dis-je dans un ricanement, m’appuyant contre un mur tout en croisant les bras. « Ryan, un mutant que mon frère ne peut pas aider. Pastille rouge, il contrôle moyennement ses pouvoirs et a fait quelques petites conneries en cours de route… » Ni plus, ni moins, je ne m’avance pas, je la regarde à peine, gardant un œil attentif sur le mutant en question. Quelque chose me dérange chez lui, je ne saurais pas dire quoi…Il regarde avec un peu trop d’attention Evi et pas d’une manière conventionnelle, non, plutôt avec avidité, d’une façon prédatrice. Oh, soyons, clairs, je ne suis absolument pas jaloux. Entre elle et moi c’est terminé et depuis le retour de Camille et mon fils, disons que la vie est devenue compliquée. « T’aides les mutants non ? Donc je t’en ai apporté un…mais navré d’empiéter sur ton territoire. » Dis-je en souriant à moitié, tournant enfin mon regard vers la jeune femme.

« Cache ta joie. ». Il ricane mais elle sent déjà l'animosité qui l'habite et préfère l'ignorer, jouant la carte de celle que cela n'atteint pas. À la place, elle enfile un masque impassible, si ce n'est pour le léger arc que prend son sourcil droit et qui trahis son incrédulité. Acacio lui en voulait, certes. Mais ils n'avaient jamais été un couple sérieux, alors Evi ne comprenait pas comment cela pouvait autant le toucher. Cependant son attention n'était pas totalement tournée vers le brun, mais plutôt vers son ami qu'elle ne lâchait presque pas du regard. « Ryan, un mutant que mon frère ne peut pas aider. Pastille rouge, il contrôle moyennement ses pouvoirs et a fait quelques petites conneries en cours de route… » Evi hoche doucement la tête à chaque nouvelle information qu'il lui donne, comme si cela l'aidait à processer. D'abord un prénom, passe partout. Pas de nom de famille et cela la dérange pour le moment bien que là soit le cadet de ses soucis. Il peut, comme elle, vouloir maintenir un semblant de vie privée et comme elle aimait le dire : moins les autres en savent, plus elle est en sécurité. Acacio mentionne ensuite son frère, Alessio, qu'évidemment connait de vue et surtout de réputation. Elle sait que son association ne peut pas toujours venir en aide à tous les profils de mutants. Ce qui la dérange, surtout, c'est cette pastille rouge car si Acacio et elle en sont également targués ils se connaissent et connaissent leurs pouvoirs respectifs. Ce type, Evi ne le connait ni d'Eve ni d'Adam et pour tout ce qu'elle sait il pourrait brûler le bâtiment tout entier en un claquement de doigt, elle et Acacio avec. Et les "conneries en cours de route" n'aident pas à détendre la lionne qui se crispe malgré elle.

Il est à prendre avec des pincettes.

« T’aides les mutants non ? Donc je t’en ai apporté un…mais navré d’empiéter sur ton territoire. » Elle relève l'ironie amère, l'ignore se contentant de soupirer avant d'enfin croiser les yeux d'Acacio qui comme elle avait gardé les siens sur le mutant. Elle a beau ne plus le fixer, elle peut encore sentir son regard sur elle. N'importe qui aurait balayé la pièce du regard, aurait étudié les environs, se serait surpris à détailler la décoration du loft dans lequel Evi avait élu domicile de nombreuses années auparavant : quelque chose de luxueux, sans tomber dans l'ostentatoire. Mais non, lui n'avait pas décroché un mot et s'était contenté de la dévorer, littéralement, des yeux. Une attention malsaine qui la mettait presque mal à l'aise. Ce type avait l'air louche. "Tu sais que je n'aime pas recevoir des inconnus chez moi." elle s'adresse à Acacio, lui rappelle d'un ton las la raison de son irritation. Mais Evi ne s'attarde pas plus longtemps sur cela, préférant se concentrer sur l'homme qui ne la quittait pas des yeux. "Ryan, donc ?" il hoche la tête, les mâchoires qui se crispent et se détendent par intermittence, ne venant que plus rendre Evi tendue. Peu bavard ? "Pourquoi est-ce que tu as une pastille rouge sur tes papiers ?" comme toujours, elle ne passe pas par quatre chemins. "Tu possèdes quel don ?" Elle veut savoir à qui elle a à faire. Mais il ne semble pas vouloir lui répondre dans l'immédiat. "Est-ce que je peux emprunter ta salle de bain ?" Evi arque un sourcils, surprise par cette demande sortie de nulle part. Elle croise les bras sous sa poitrine, lance un regard plein de questions à Acacio puis repose son attention sur Ryan. "Quand tu auras répondu à ma question." C'est elle qui pose les règles ici. Mais il n'en démord pas. "J'ai juste besoin d'un verre d'eau, je meurs de soif." Elle lève les yeux au ciel et soupire, sans cacher son exaspération. Et comme si elle acceptait la demande d'un gosse, elle lui répond, impatiente un "Sur ta gauche, derrière moi, tu trouveras la cuisine." en lui faisant signe d'avancer. Evi ne peut délibérément pas refuser un verre d'eau, déformation de sa bienveillance, de son instinct maternel qui l'empêche parfois la moindre maltraitance. Mais ce type lui laisse une impression de gêne. Il n'est pas clair et elle profite qu'il se soit dirigé vers la cuisine pour s'avancer vers Acacio à qui elle s'adresser un peu plus bas. "C'est qui ce type Acacio ?" même si elle se veut imposante et sévère devant l'inconnu, elle ne cache pas son appréhension à son ami. "T'en sais plus que son prénom et sa pastille j'espère ?" son ton est un peu moralisateur, elle doit l'avouer. Mais elle ne veut pas rester une seconde de plus dans le flou. Elle veut savoir, maintenant, ce qui a pris Acacio d'emmener le mutant chez elle. Son pouvoir, son histoire, sa dangerosité surtout. Car elle ne compte plus le nombre de mutant abusant de leur don, se pensant maître de tout et devenant avides de pouvoir dès la première occasion venue. À peine commence-t-il a lui répondre qu'Acacio est coupé dans son élan par un bruit de verre cassé venant de la cuisine. Evi se retourne vers l'endroit d'où provient le bruit, caché derrière une cloison. Crispée plus que jamais.

J’observe la scène qui se déroule devant moi, gardant un œil sur le fameux Ryan pendant que Evi l’interroge. Comme elle, je remarque rapidement que quelque chose et je me redresse, me décollant du mur comme si de rien était. Evi, elle me connait, elle sait que je sais radicalement bien me battre ayant été élevé pour ça, mais aussi, que mon don peut-être tout aussi utile que le sien. Priver quelqu’un de ses sens c’est le rendre complètement vulnérable et ce, même si je n’y parviens que peu de temps…bien que priver quelqu’un de la vue, c’est très utile également. Les bras croisés contre ma poitrine, je ne regarde plus Evi, me contentant de fixer Ryan, observant ses moins faits et gestes, ses moindres réactions. Il est sûrement mal à l’aise face à ma façon de le fixer, mais qu’importe, je le sens moyennement. Il ne veut rien dire sur son don et ça, ça pue vraiment. Ce n’est pas comme si c’était une option, pour l’aider, elle doit savoir de quoi il en retourne. Il réclame à boire et je soupire, passant une main dans mes cheveux tout en l’observant s’éloigner. Son regard croise le mien, il m’observe un peu trop attentivement à mon gout et je serre les dents sans baisser les yeux, sans montrer quoi que ce soit. Impassible, froid, je ne montre aucune faiblesse, aucun sentiment. Je suis de glace. Il disparait et Evi approche directement de moi, murmurant quelques mots alors que je regarde toujours vers la direction du mec, ne posant pas les yeux sur la brune. Pas pour la faire chier, non, mais mes sens sont en alertes. « Je t’ai dit tout ce que je savais. » Dis-je simplement aussi bas qu’elle, ne posant toujours pas mon regard sur elle, prêt à utiliser mon don pour vérifier qu’il buvait bien un verre d’eau.

Lorsqu’elle prend un ton moralisateur avec moi, je tourne très doucement mes yeux vers elle et prends une petite voix puérile. « Oh désolé maman, j’ai pas bien fait mes devo…. » Un bruit résonne, un verre se casse et directement je regarde de nouveau vers la cloison. « Bouges pas, j’y vais. » Je ne lui laisse pas spécialement le choix, car déjà, je marche en direction de la pièce où le fameux Ryan se trouve. J’entre très lentement, laissant mon regard parcourir la pièce sauf que voilà, d’un coup, je me sens pousser en arrière, un coup venant me frapper sur la tronche. Le mec se jette sur moi et voilà qu’on roule tous les deux sur le sol en direction d’Evi. Arrivant à le dégager rapidement, je lui envoie un coup dans l’estomac, me redressant. « Non mais c’est quoi ce bordel… » Murmurais-je alors que je faisais face à un autre Acacio. Même gueule, même vêtements, même regard marron. « Un métamorphe…manquait plus que ça…Je sais que je suis beau gosse, mais tu sais, ce n’est pas poli de prendre l’apparence d’un autre. » Dis-je un sourire mauvais sur les lèvres alors qu’il répond sur le même ton. « Pardon ? Attends, t’essaie de faire croire quoi là ? C’est toi qui a pris mon apparence, pas le contraire. » « Espèce de… » Je peste furieusement, serrant les poings. Du sang coule le long de ma nuque, ce crétin m’ayant blessé avec un objet assez lourd que je n’arrive pas à revoir. Il faut dire que ça avait été assez vite. Poussant un soupire, je roule des yeux d’un air assez lasse. Moi, prendre la chose à la légère ? Sûrement et pas pour de mauvaises raisons.

« Alors Ryan, je t’explique. Tu peux prendre mon apparence, mais peux-tu copier mon pouvoir ? Ou encore mes souvenirs ? Non parce que si ce n’est pas le cas, t’es dans la merde…Evi, que tu vois là et moi-même sommes sortis ensemble, inutile de te dire qu’on a quelques souvenirs en communs que tu risques de ne pas savoir…Mais je t’en prie, joue au plus malin…puis merde, c’est quoi cette manie de me taper sur la gueule, c’est grave ça ! » Je grogne de nouveau, grimaçant en posant ma main contre ma blessure. Me tournant vers Evi, je l’observe, elle semble perdue. « Me dit pas que t’hésite quand même ? Non parce si t’hésites je te jure que je pique une crise ! »

Elle se pince les lèvres, agacée. Parce qu'encore une fois Acacio se moque d'elle, plaisante sans jamais oublier d'y ajouter son amertume habituelle. Sa voix puérile pourtant s'arrête avant même qu'il ne termine sa phrase qui sonnait comme un reproche. Il se crispe, tout comme Evi et les deux se retournent vers la cloison qui sépare la cuisine de l'entrée. « Bouges pas, j’y vais. » sa voix, tout comme son ton, changent du tout au tout bien plus sérieux soudainement. Evi lui souffle un "non." en essayant de le retenir mais il est plus rapide et lui file entre les doigts, littéralement car elle ne parvient qu'à effleurer son épaule. La jeune femme ne se fait pas prier pour le suivre, anxieuse, se doutant que quelque chose s'apprête à déraper tant son ami avait l'air lui aussi sous tension mais à peine s'approche-t-elle de la cuisine que deux silhouettes se jettent au sol presque à ses pieds.

Il lui faut quelques secondes pour réaliser ce qui se déroule juste au sol.

Acacio roule, se débat, s'écarte.... d'un autre Acacio. Elle est sans voix, essaie de faire sens alors que l'un des deux semble également découvrir la situation cocasse. « Un métamorphe…manquait plus que ça…Je sais que je suis beau gosse, mais tu sais, ce n’est pas poli de prendre l’apparence d’un autre. » L'autre répond du tac au tac, sur le même ton. « Pardon ? Attends, t’essaie de faire croire quoi là ? C’est toi qui a pris mon apparence, pas le contraire. » Et Evi assiste à la scène digne d'un film de comédie douteux, impuissante. Son regard va et vient d'un Acacio à l'autre, le coeur battant. Merde. « Alors Ryan, je t’explique. Tu peux prendre mon apparence, mais peux-tu copier mon pouvoir ? Ou encore mes souvenirs ? Non parce que si ce n’est pas le cas, t’es dans la merde…Evi, que tu vois là et moi-même sommes sortis ensemble, inutile de te dire qu’on a quelques souvenirs en communs que tu risques de ne pas savoir…Mais je t’en prie, joue au plus malin…puis merde, c’est quoi cette manie de me taper sur la gueule, c’est grave ça ! » Ah, la voilà la réponse. Seul le vrai Acacio peut savoir pour leur relation, Evi en est certaine mais lorsqu'elle croise le regard furieux de celui qu'elle pense être le bon, elle hésite. En est-elle vraiment sûre ? « Me dit pas que t’hésite quand même ? Non parce si t’hésites je te jure que je pique une crise ! » Elle fronce des sourcils, furieuse à son tour face à cette sombre blague et s'apprête à rétorquer que non, elle n'hésite pas. Mais l'autre Acacio la prend de court. "Non mais putain c'est une blague ? Evi regarde moi !"

Elle le regarde.

Il a l'air paniqué.

"Je suis con, vraiment con. Je lui ai dis que t'étais mon ex dans la voiture et maintenant il veut l'utiliser contre moi !" et à mesure qu'il parle, il s'avance, plaide sa cause, enfonce son regard dans le sien et la supplie de celui-ci. Evi recule, de son côté, car loin d'elle l'envie d'être proche d'eux tant que la situation n'est pas dénouée. "Tais-toi." gronde-t-elle. Mais il l'ignore, et ça ne l'étonne pas à Evi. "Non mais sérieux, tu crois vraiment que j'suis l'autre Ryan après tout ce qu'on a vécu ?" Il joue avec ses sentiments, mais alors qu'elle avait failli le croire sa dernière phrase le trahi. L'Acacio qu'elle connaissait était loin de définir leur relation comme quelque chose de positif, il ne l'utiliserait certainement pas de cette manière. "Tais-toi, je t'ai dis !" cette fois elle grogne et montrerait presque les crocs. Il continue d'avancer, s'apprête à parler mais elle le coupe. "Je sais que tu n'es pas Acacio, laisse tomber ton tour. Qu'est-ce que tu cherches ? Qu'est-ce que tu-"

Il la coupe, hors de lui. "Evi c'est moi ! Acacio ! Il te ment." Elle lance un regard au vrai Acacio, hésite. C'est à son tour de le couper, alors qu'il continue de s'approcher. "Utilise ton pouvoir." et sa voix ne tremble pas, c'est un ordre lancé en l'air, insufflé par son pouvoir aux deux Acacio qui se voient obligés de faire usage de leur don à cause de celui d'Evi. Le vrai Acacio sera celui qui enlèvera à elle, ou à l'autre un sens tandis que Ryan celui qui changera d'apparence ou qui ne semblera rien faire.

Au pied du mur, Ryan est obligé d'utiliser son don, de se trahir alors sans autre issu il se jette sur celle qu'il avait demandé à voir plus tôt dans la journée. Lui et Evi tombent au sol, tandis que comme elle le lui avait ordonné il se change... en elle.

Je croise le regarde d’Evi, elle semble hésiter, elle semble paumée et j’ai clairement envie de la secouer par les cheveux pour la réveiller. L’autre con, il en rajoute une couche, il tente de plaider sa cause alors que moi, je tente surtout de faire avec mon mal de crâne. Un jour, je vais finir par avoir un sacré coup dans la caboche. Grognant, je regarde Ryan, enfin le faux moi, approcher encore et encore. "Non mais sérieux, tu crois vraiment que j'suis l'autre Ryan après tout ce qu'on a vécu ?" « Oh non mec, pitié, t’as cru que je l’avais demandé en mariage ou quoi ! » Grognais-je entre mes dents, trouvant la situation franchement ridicule. Tout ce qu’on a vécu…Y’a rien eu de bien exceptionnel. Il aurait dit ça à Camille, là, ça aurait été compréhensible. Mais à Evi…Non. J’observe Evi qui semble avoir compris que moi, le vrai moi, n’aurait jamais dit un truc pareil. Je suis loin d’être romantique, puis, comme moi, elle doit considérer que je n’aurais jamais dit une chose pareille. Enfin, du moins, c’est ce que je pensais vu qu’elle montre les dents mais ne semble pas être sûr à cent pour cent. « BORDEL TU FAIS CHIER SERIEUX EVI ! » Que je gueule, tremblant de rage face à ses réactions. Je ne plaide pas ma cause, à mes yeux, elle aurait déjà dû comprendre qui ment et qui ne ment pas…J’allais m’élancer vers l’abruti pour lui flanquer la raclée de sa vie, sauf qu’à ce moment-là, des mots résonnent lourdement dans ma tête. "Utilise ton pouvoir." Je déteste quand elle utilise son pouvoir sur moi, m’obligeant à être à ses bottes comme un toutou remuant la queue…Instinctivement, je tente de lutter contre son ordre, plus par fierté qu’autre chose, malheureusement c’est sans préavis.

Son ordre est tombé et je suis obligé d’utiliser mon don. Mes yeux deviennent sombres et je vise mon autre moi qui s’élance déjà sur Evi, je vise son sens du toucher. Sans ce sens, il ne sait pas trop quoi faire, néanmoins, je vise également sa vision, lui ôtant les deux. Sans plus de cérémonie, je choppe la personne que j’ai visé, la redressant par les cheveux. Oula… « Non mais…Sérieux ? Deux Evi ? Putain, ce mec veut ma mort. » Brusquement, je ne suis plus très sûr d’avoir touché la bonne personne avec mon don, chose assez dramatique vu que je martyrise la chevelure d’Evi ou de Ryan, je ne sais pas trop. Lâchant la personne que je maintiens, annulant mon pouvoir, je balance celle-ci de l’autre côté de la pièce. « Bon, une question, une seule…Evi, fin, la vrai Evi…La première fois qu’on a couché ensemble, c’était où ? » Question assez intime, certes, mais disons que c’est une réponse traitre. Beaucoup se diraient que c’est dans un lit, chez elle ou chez moi, mais ce n’est absolument pas le cas. Là est le piège. La première fois que nous avions couché ensemble, c’était sur le tapis du salon de l’appartement de mes parents alors qu’ils étaient en voyages. Une envie assez soudaine, j’avoue, mais au moins seule la vrai Evi allait pouvoir me répondre. « Et je jure que la personne qui ne donnera pas la bonne réponse, elle va littéralement en baver… ALORS MAINTENANT REPONDEZ !» Je gueule, je perds patience et ce n’est jamais bon signe chez moi…Lorsque je perds le contrôle, mon pouvoir fait des ravages, devient incontrôlable et inutile de dire que je ne suis pas un bisounours qui a le don d’envoyer des pétales de roses dans le ciel.

Evi tombe sur le sol, lourdement. Tout se passe vite, trop pour qu'elle puisse le prévoir et ses lacunes en combat ou en self-défense se font voir : elle n'a même pas la présence d'esprit, ou l'instinct, de se pousser. D'ordinaire, elle contrôle la situation et celle-ci ne s'envenime pas. Mais elle a tardé à utiliser son don, trop pour empêcher Ryan de lui sauter à la gorge. Elle a de la chance pourtant, car Acacio utilise son don comme elle le lui a ordonné plus tôt et sans lui elle sentirait certainement les mains de l'autre mutant serrer sa gorge. À la place, il n'y a plus qu'une masse lourde qui la maintient au sol sans sens du toucher, ou de la vue. Evi se débat pour s'en défaire comme elle peut, elle a du mal.

Puis soudain elle sent qu'on la tire en arrière.

Par les cheveux.

Un cri s'échappe de sa gorge alors qu'elle attrape immédiatement les mains d'Acacio au dessus de son crâne pour tenter de réduire sa poigne. Quand elle voit le mutant au sol en face d'elle, il lui faut un moment pour comprendre que Ryan a pris son apparence, à elle. Elle le regarde, horrifiée sans trouver quoi dire : les mots lui manquent soudainement. Il feint de geindre, à terre, imite celle qui se remet d'une agression qu'on a commise tandis qu'Acacio semble croire que celle qu'il tient entre ses mains et la Evi qui ne voit plus, ne sent plus. « Non mais…Sérieux ? Deux Evi ? Putain, ce mec veut ma mort. » Elle s'apprête à répondre, à l'engueuler surtout mais soudainement il la jette sur le côté et Evi glisse sur le sol jusqu'à ce que son corps soit projeté contre un buffet qui tremble sur le coup. Elle, elle se crispe, se fige tant sous la douleur que sous la peur.

Enfance chaotique.

Père violent.

Y'a dans son esprit tous ses souvenirs qui se bousculent et remontent à la surface comme chaque fois que la violence à laquelle elle assiste ou qu'elle subit fait écho à celle de son enfance et de son père. « Et je jure que la personne qui ne donnera pas la bonne réponse, elle va littéralement en baver… ALORS MAINTENANT REPONDEZ !» Et quand il cri, quand il hurle c'est une limite qu'il dépasse. Evi se redresse, tandis que Ryan regarde Acacio incrédule. Il cherche mais ne trouvera pas. "Ok. On arrête de jouer." gronde-t-elle la mâchoire serrée et le regard noir. Elle fixe Acacio et sans le prévenir, le contrôle comme une vulgaire poupée. "Toi, tu vas t'assoir et tu ne bouges pas." Elle hésite, mais rajoute. "Et tu la fermes." Il s'exécute, n'a pas le choix et peut luter sans que cela n'ait d'effet. Ryan sent son tour arriver et rampe en arrière, toujours au sol. Evi s'avance, soudainement imposante.

En colère.

"Et toi..." sa voix est sombre, n'annonce rien de bon. Le reste, elle ne le formule même pas à voix haute. Le fait se lever, se diriger dans la cuisine, ouvrir un tiroir et attraper un couteau qu'elle l'oblige à coller contre sa propre gorge avant de le faire assoir en face d'Acacio autour de la table du salon. Ils étaient allés trop loin et Evi n'était pas patiente, encore moins avec les gens violents gratuitement. "Un mot de travers et je te jure que je te ferais te trancher la gorge." Son histoire, sa jeunesse, avait trop été mouvementée pour qu'elle puisse y être insensible et aujourd'hui, là était bien la seule chose qui lui faisait perdre son calme. Qu'on la blesse, qu'on lui hurle dessus comme le faisait son père autrefois.

Du sang coule le long de sa tempe, à peine, parce que lorsqu'Acacio l'avait jeté loin de lui la pensant pour Ryan elle s'était cognée la tête contre le buffet. Son corps tout entier était endolori, son dos surtout. Son crâne aussi. D'une pensée, elle délivre Acacio de son contrôle lui rendant sa liberté et la parole mais le regard noir qu'elle lui lance lui intime de faire attention à ce qu'il dira en premier. Quant à Ryan, elle le garde sous sa menace sans l'empêcher de parler. Evi va s'assoir, ensuite, en bout de table. Elle préside le trio, sent sur sa tempe le filet rouge couler et du bout des doigts vient l'essuyer avant de regarder ces derniers, écarlates. Bien joué. "J'arrive pas à croire que tout ce à quoi t'ai pensé ce soit cette question Acacio." on pourrait croire qu'elle plaisante mais sur son visage il n'y a pas l'once d'un sourire. "Encore moins que tu m'ai prise pour lui..." elle secoue la tête, non sans grimacer de douleur. Elle ne le détestait pas. Etait simplement très agacée sur le moment.

Autour d'elle, le calme. Enfin. Après quelques péripéties le voilà revenu et la situation qui avait trop rapidement dégénérée ressemble à nouveau à quelque chose de plus civilisé. À son image, certainement. Mais Ryan vient briser le silence, attirant l'attention d'Evi qui tourne la tête vers lui. "Qu'est-ce que tu es entrain de me faire ?" Elle soupire. "Je contrôle ton esprit, je te fais faire ce que je veux. Je peux te faire rester comme ça des jours alors ne me tente pas." qu'elle siffle. Mais cela ne semble pas lui convenir et Ryan lève les yeux au ciel, faisant arquer un sourire à Evi qui le fixe la colère montante se lisant sur son visage. "Sorcière." Et ça, c'est noir sur blanc le genre d'insulte banale qui la fait bondir à la brune, parce que c'est ce que son paternel lui criait avant de l'enfermer dans le placard de son ancienne maison en guise de punition. C'est quelque chose d'anodin, pourtant, mais elle ne l'a jamais laissé passer et il ne sera pas une exception. Elle frappe du poing sur la table. "Tu viens chez moi. Tu agresses Acacio. Tu m'attaque moi. Tu m'insulte. C'est quoi ton problème au juste ?! Qu'est-ce que tu veux ?" Elle le peste d'entre sa mâchoire serrée, les lèvres presque retroussées tant elle grogne. Sa voix transpire de colère alors elle souffle, ferme les yeux, avant de se tourner vers Acacio et de le regarder. "On va se calmer. On va parler et recommencer depuis le début. Ok ?" Et même si elle est sèche, en colère, à bout, son regard bien que noir laisse transparaître quelque chose qui ressemble à un appel à l'aide. Cette situation avait assez dégénérée comme ça.

Je perds patience, je perds pieds. Je ne suis pas contrôlable, je ne suis pas l’un de ces mutants qui savent parfaitement contrôler leur pouvoir, que du contraire. Le mien fait des ravages, je manipule les dons, j’ai hérité de cette pastille rouge pour plusieurs raisons. Contrôle assez nulle, danger pour la population environnante, je suis de ce bétail qu’on a marqué comme dangereux. Mais je fais avec, je n’ai pas le choix, pourtant, plus mon cœur s’accélère et plus l’implosion est proche. Cette situation, elle me fou les nerfs. Un con qui se fait passer pour moi, pour elle et enfin, cette bagarre improvisée qui ne ressemble à rien.  "Toi, tu vas t'assoir et tu ne bouges pas. Et tu la fermes." Une fois de plus elle utilise son pouvoir sur moi et là, je jure que je vais me venger. Je ne lutte pas, je sais que c’est peine perdue. Mon corps se met en mouvement et je vais m’asseoir, sans dire un mot. Mon regard, il est froid et Evi sait clairement que c’est très mauvais pour son matricule. Comment ose-t-elle jouer avec MA vie, MES décisions ? Elle allait me le payer, et pas qu’un peu. Je ne peux pas bouger, je ne peux pas parler, je suis prisonnier de mon propre corps et je ne supporte pas ça. L’espace d’un instant je veux utiliser mon don sur elle, mais rapidement je comprends que c’est une mauvaise idée. Elle n’aura plus mon contrôle, certes, mais également celui de Ryan…ça serait recommencer à enchaîner la bagarre que je n’ai pas envie de mener. A partir de maintenant, je jure de ne plus la voir et encore moins de l’aider. Qu’elle crève dans sa merde, qu’elle joue avec d’autres esprits que le mien, elle a été trop loin.

"J'arrive pas à croire que tout ce à quoi t'ai pensé ce soit cette question Acacio. Encore moins que tu m'ai prise pour lui..." Je remarque que j’ai repris le contrôle de mes mouvements, de mon propre corps. Bordel, ça fait du bien. Néanmoins, le mal est fait, elle a dépassé les bords et je tourne les yeux vers elle. Froid, méchant, arrogant. « Tu m’as bien pris pour lui ! Mais tu sais, à force de jouer avec les gens, de les prendre pour tes poupées personnelles, pas étonnant que tu t’y perdes. » Crachais-je vers elle comme un serpent qui crache son venin. Je me redresse d’un coup, faisant tomber la chaise sur laquelle je suis assis. Elle parle avec Ryan, elle fait sa grande, sa chef suprême. Je déteste ce genre qu’elle se donne, encore plus lorsqu’elle se tourne vers moi. "On va se calmer. On va parler et recommencer depuis le début. Ok ? « Tu me donne des ordres ? Je suis pas à tes bottes Evi, c’est clair ? Pour qui tu te prends sérieux ? Parce que tu contrôle les gens, tu te crois la reine du monde ? » Elle semble avoir trop d’assurance la brune, bien trop d’égo qu’elle va rapidement ravaler si elle ne veut pas que je lui fasse bouffer. Approchant de Ryan, j’attrape les cheveux de celui-ci, tirant son visage en arrière. « Et toi, que je ne te revois plus sinon je te tue…maintenant, amuses-toi bien avec elle. » Pestais-je mauvais alors que je le relâche, non sans avoir au préalable frapper son visage sur la table en simple signe de vengeance personnelle… Oui, lorsque je deviens méchant et bien, je deviens véritablement méchant. Me tournant vers Evi, je la pointe du doigt. « Je ne veux plus te voire. C’est terminé, je ne t’apporte plus personne. Débrouille-toi avec lui, mais t’as contrôlé mon esprit pour la dernière fois, je suis pas ton jouet ! »

Furieux, je m’éloigne, frappant dans un meuble au passage. Décidément, je vais vraiment finir par me demander ce que je fou encore ici, pas dans cette pièce, non, mais dans cette ville. J’abandonne Evi sans me soucier de quoi que ce soit, voyant rouge purement et simplement.