2014, 21 AVRIL, RENCONTRE AVEC CAMILLE :
Il a changé Acacio, depuis cette première fois, depuis cet « abandon » soudain. Oui, Wyatt s’est servi de lui, c’est son père qui le lui a chuchoté à l’oreille. Lui, il ne se doute pas que ce n’est pas vraiment cette réalité imposée, qu’en réalité, son père a fait en sorte de l’éloigner pour que ça ne recommence pas. Deux mois…Deux mois qu’il sombre, qu’il s’emporte, qu’il fait du grand n’importe quoi. Il boit, il rentre tard, il provoque de maintes bagarres. La seule chose qu’il ne fait pas, c’est coucher avec quelqu’un, comme bien trop touché et Sali par cette dernière « relation ». Et pourtant, il ne s’attendait pas à croire son beau regard bleu océan au détour d’un couloir. Elle est nouvelle cette jolie demoiselle, un peu paumée, comme perdue dans cette université. Elle semble seule, presque abandonnée et son regard est si…triste. Il ne sait pas quelle mouche le pique, mais il avance vers elle, un léger sourire charmeur sur le coin des lèvres. « Hé, je peux t’aider ? Tu as l’air complètement paumé. » Elle regarde de haut en bas, suspicieuse, presque hautaine. D’un coup, il regrette déjà de s’être approché d’elle. « Les mecs comme toi je les connais…Ils approchent les filles avec soi-disant l’intention de les aider, sauf qu’au final, c’est juste pour les baiser. Désolé, mais je ne suis pas intéressée par un gosse de riche, bonne journée ! » Il reste complètement sous le choc, surpris par cette réplique cinglante. Pourquoi le juger ? Il ne lui a absolument rien fait. Alors, il court vers elle, la colère venant caresser son estomac. La bloquant brusquement, il plante son regard dans le sien. « T’es sérieuse là ? Tu te permets de juger les gens comme ça, sans rien savoir d’eux ? Alors laisse-moi te dire une chose, mademoiselle la peste, si je dois te juger voilà ce que je dirais. Tu as l’air d’une gamine hautaine et égocentrique, imbu d’elle-même. Tu as l’air d’être superficielle et complètement stupide, la beauté sans le cerveau, ce qui est clairement pathétique. Alors, pour ton information, je ne comptais pas te mettre dans mon lit mais juste d’aider, mais à présent, tu peux te perdre dans les couloirs que ça ne me ferait rien du tout ! Bonne journée à toi aussi la peste et j’espère que tu te casseras un ongle en tombant sur ton ego de merde. » Voilà ce qu’il lui crache le jeune homme et ce, en pleine figure, la laissant plantée là. Elle semble aussi choquée que lui, mais alors qu’il tourne à droite, une voix le stoppe. « T’es vraiment un connard, tu le sais ça ? Mais…j’aime bien, alors, tu me fais visiter ? » Il sourit en coin, roulant des yeux en se tournant de nouveau vers elle. « Moi c’est Acacio, pas connard. » « Et moi c’est Camille, pas la peste, bon on y va ? J’ai une manucure dans trois heures… » Il n’aurait jamais pu imaginer que cette fille, elle allait lui faire chavirer le cœur.


2016, 18 JUILLET, RUPTURE :
Il la regarde faire ses bagages, sans bouger, complètement interloqué par cette décision soudaine. Elle le quitte, elle s’en va et ce, sans réelles raisons valables. Voilà plus de deux ans qu’ils sont ensemble, plus de deux ans qu’il l’aime comme un fou, comme un enragé. Oui, les disputes sont fréquentes de par leur caractère semblable, mais le quitter pour ça. « Cam…arrêtes…fait pas ça… » Il se décide à parler, approchant de la femme qu’il aime. Elle se tait, elle pleure en silence. Il voit que quelque chose ne va pas, oui, il voit qu’elle le quitte pour de mauvaises raisons. Alors, il pose ses doigts sur son épaule et elle se dégage furieusement, lui faisant enfin face. « Ne me touche pas ! Je ne veux plus jamais te voire, je ne veux plus jamais t’entendre. C’est terminé ! Je me demande comment j’ai fait pour tenir aussi longtemps avec un mec comme toi, t’es juste qu’un mec de plus sur ma liste, mais là tu m’ennuies… » Ses paroles sont brutales, sont violentes et il se fige, le cœur serrer. Elle sait pour lui, pour son pouvoir, mais elle ne lui en avait jamais tenu rigueur. « Mais…de quoi…Camille ce n'est pas toi ça… » Il essaye de ne pas s’emballer, de ne pas s’énerver, mais ce sourire mauvais qui vient se poser sur son visage le fait enrager. Elle se protège, il le voit, il la connaît assez pour comprendre que ce n’est qu’une douce comédie. « T’as pas compris c’est ça ? J’en ai rien à foutre de toi, tu m’as juste amusée le temps qu’il fallait…maintenant dégage de mon chemin. » Elle le pousse en passant et lui, il ne bronche pas, la gorge nouée. Elle a fait mouche, elle l’a brisé. Il l’a laissé s’en aller en claquant la porte de leur appartement dans les hauts quartiers. Pour elle, il a tout donné, il aurait fait n’importe quoi pour ses beaux yeux. Il ne sait pas qu’une fois de plus, son père est derrière tout ça. Il ne sait pas qu’elle le quitte par peur, par chantage. Lui, tout ce qu’il voit, c’est qu’elle l’abandonne, qu’elle l’a également utilisé. Il tombe de haut le jeune Acacio, la chute est violente et douloureuse. Alors, il prend son téléphone et sonne à la première personne qui lui traverse l’esprit. Oui, comme un gamin, il a besoin de retrouver ses marques. « Papa…papa…elle…Camille…elle est partie… » Et là, il fond en larmes, se laissant aller contre le mur de sa chambre alors que son père, imposteur, lui offre ce dont il a besoin, du réconfort.

2017, 16 DÉCEMBRE, DESCENTE VERS LES ÂBIMES :
Respiration saccadée, corps en sueur, il se laisse aller sur ses draps, allongé sur le dos après des ébats mouvementés. Une de plus parmi tant d’autres, oui, il cherche à l’oublier comme il le peut. Elle approche, posant sa tête contre son torse. Lui, il ne bouge pas et se contente de dire froidement. « Il faut que tu partes…j’ai pas signé pour les câlins du après. » Il est arrogant, il est cinglant. Se dégageant de l’emprise de la douce, il s’assoit sur le bord du lit, lui tournant le dos, l’ignorant totalement. Elle dit quelques mots, il ne l’écoute pas. Sa vie c’est ça, c’est ce qu’elle est devenue. Enchaînements de corps, de plaisirs charnels, le cœur émietté, piétiné. Il ne veut plus rien savoir, alors, il boit pour oublier. Son père le juge, sa mère le juge, seuls son frère et ses sœurs tentent de l’aider, de le relever. Mais lui, oui lui, il veut juste sombrer, parce que ça fait trop mal. Être transmutant n’est pas facile, mais avoir une peine de cœur l’est encore plus. Il est devenu un monstre sans nuances, il est devenu une ombre sans âme. Il se redresse alors qu’elle est partie, le traitant de connard au passage. « Ouai, on me l’a déjà dit. » Qu’il murmure en se remémorant cette rencontre avec sa douce et tendre. Puis, il y a cet homme qui l’a poussé vers le fond, quelques mois plus tôt. Rencontre dans une ruelle sombre alors que son visage, il l’a reconnu. Cet homme au volant de cette voiture, ce conducteur ivre ayant été trompé par sa femme…Il avait juré de le retrouver, ouai, il avait juré de retrouver ce con et de venger la mémoire de son petit frère, Noah. Alors, il a laissé la colère s’emparer de lui, il a laissé sa rage éclater et son pouvoir se charger du reste. Il est mort de peur cet homme dévasté, son cœur cessant de battre. Acacio, lui, il est tombé dans les vapes, mais heureusement Alessio l’a retrouvé, là sauvé pour le mettre en sécurité. Personne ne sait qui l’a tué, mais lui, il sait que c’est de sa faute. Il ne le vit pas mal, ce mec méritait de mourir. Ouai, c’est ce qu’il se répète pour se rassurer. Il aurait aimé y laisser sa vie également, parce qu’au final, plus rien a de saveurs, de couleurs depuis qu’elle s’est barrée. Marchant vers sa porte, il prend le courrier. Une lettre attire son attention, cette écriture, il la reconnaît. Il ouvre l’enveloppe, curieux et puis, il en sort une photo. Il se fige, il s’appuie contre son armoire, choqué. Cette photo, elle représente un bébé de quelques mois, pas plus d’un an. Cheveux bruns, yeux sombres et avec, un simple mot ; Alexandre Acacio, né Carmini de sa mère, Mordho de sang. Il est papa.