[001.] Alec est un homme qui respecte les règles qui lui sont assignées... généralement. Très loyal envers la cause des chasseurs, il marche dans les rangs et s'applique toujours à faire le travail demandé, tel qu'il est demandé. Du moins, tant qu'il n'est pas provoqué personnellement, ou émotionnellement impliqué dans la chasse qu'il est en train de faire : à partir de ce moment-là, les choses se compliquent, et Alec commence alors à faire cavalier seul - quitte à, même, être contre les lois pré-établies par la SCP. [002.] contrairement à ce qu'on pourrait croire aujourd'hui, Alec a grandi élevé par des préceptes purement chrétiens : sa mère était une chrétienne pratiquante qui, bien souvent, l'emmenait à l'Eglise et lui vendait des paroles saintes en lesquelles il a totalement perdu foi lorsque ses parents sont morts. Assassinés. A croire que le Bon Dieu n'avait certainement pas envie de sauver une femme aussi croyante et dévouée que sa mère - en tout cas, Alec a depuis longtemps, choisi de ne plus suivre le chemin sur lequel sa mère avait tenté de l'embarquer, tout ce qu'il conserve de cela, c'est l'orgueil de ses valeurs. [003.] bien qu'il soit du genre à plus utiliser ses muscles, Alec est pourtant quelqu'un de très ingénieux : c'est à croire que c'est surtout un instinct de survie, mais il est capable de se sortir indemne de n'importe quelle situation - bien souvent, ça a été grâce à Calista, cachée dans l'ombre derrière son ordinateur, prête à voler à son secours (ou envoyer des renforts) quoiqu'il arrive. Il n'en reste pas moins que dans des situations quasi inextricables, Alec a un certain don pour garder son sang-froid et trouver de quoi... ne pas mourir. [004.] peut-être est-ce grâce à de longues années de pratique et aux nombreuses fêtes qu'il a déjà écumées dans tous les sens, mais Alec tient particulièrement bien l'alcool : il peut très aisément aligner les verres sans sombrer dans un coma éthylique ou perdre le contrôle de ses sens et de ses gestes. Généralement, il se plait à défier les demoiselles avec qui il s'attarde pour une soirée, mais c'est sans doute grâce à son importante masse musculaire qu'il parvient à éliminer plus aisément l'alcool dans son sang. Lorsqu'un de ses collègues chasseur à cru ricaner en lui démontrant par A+B qu'il s'agissait là d'une certaine forme de mutation, Alec a fini par lui péter le nez. L'ironie veut qu'aujourd'hui, qu'il le veuille ou non, Alec est incapable de finir bourré et ce, bel et bien à cause d'une putain de mutation génétique. [005.] en douze années d'enrôlement au sein des chasseurs, Alec a eu le temps de se perfectionner en nombreuses techniques de combat : s'il est très bon en combat au corps à corps, c'est surtout au tir qu'il est excellent. Précis et mortel. Alec a toujours sur lui une arme à feu, trois poignards dissimulés, mais également et surtout, un arc et des flèches, le B-A-ba de son talent. Son père, en effet, était un grand amoureux de tir à l'arc, et curieusement, à mesure que germaient ses projets de vengeance, Alec a fini par se persuader que ce ne serait que justice de tuer le meurtrier de ses parents, avec un arc et des flèches. Cette technique est désormais devenue son art fétiche, quand bien même il reste préparé à toute autre éventualité. [006.] tic, déterminé et tenace, il n'est pas du genre à reculer devant la moindre difficulté : Alec n'a jamais abandonné une chasse ou une enquête en plein milieu, et a toujours "terminé le boulot" dans les règles de l'art. Il reste, en effet, quelqu'un de très minutieux et organisé dans tout ce qu'il entreprend : l'intérieur de son appartement, est tout à fait impersonnel et rangé au millimètre près, une maniaquerie qu'il garde de ses longues années de jeunesse passées dans un manoir digne des catalogues d'architecture. C'est sans doute ce soin impitoyable qui fait de lui un tireur si précis. [007.] alimenté depuis très jeune par un ardent désir de vengeance, c'est sans doute celui-ci qui lui a permis de rester debout et de continuer à vivre. C'est également ce qui le mènera à sa mort, sans aucun doute : en effet, motivé par la colère et la rancœur, Alec est un homme dangereusement impulsif, qui laisse parfois cours à des scènes de violence insoupçonnées. Il est capable de s'emporter sur une remarque, une petite pique qu'il n'apprécierait pas ; qui plus est, il s'avère toujours extrêmement rancunier, mais pourtant, incapable de s'excuser ou de reconnaître ses fautes, lorsqu'il y a. On le dit ainsi facilement macho, orgueilleux ou froid, et il se fout volontiers de ce que pensent les autres. [008.] il n'a jamais été très patient, et est sans doute génétiquement incapable de l'être. Son père non plus, n'était pas un homme calme et généreux sur son temps ; il aimait que les choses soient faites, vite et comme il l'entendait. Alec est le portrait craché de son paternel dans ce sens-là, il ne peut pas rester assis des heures dans une voiture à surveiller quelqu'un, sans soupirer toutes les cinq secondes et demi. Il est incapable de finir un livre, tant l'activité même de lire le lasse très vite - s'il finit de regarder un film en entier, c'est un exploit, et le pire cauchemar d'Alec resterait sans doute une soirée marathon le Seigneur des Anneaux, devant laquelle il serait obligé de rester éveillé. Oui, l'inaction l'achève et l'endort : très sportif et actif, il préfère largement se dépenser que de rester cloué sur place. [009.] peu expressif, et certainement pas du genre à s'épancher en bons sentiments, Alec est un homme très renfermé sur ce qu'il ressent, une véritable énigme à l'état pur. S'il est très facile de constater quand il est énervé au point de contracter sa mâchoire et avoir le regard noir, le reste du temps, c'est plus compliqué. Ses doutes, ses questionnements, ses ressentiments, Alec n'a pas le talent de les dire à haute voix, il se contente d'être mystérieux, secret, ce qui a parfois tendance à rajouter du charme à sa personnalité - mais qui, pourtant, le pousse parfois à faire ressortir ses ressentiments au mauvais moment. [010.] il est un ami loyal et entier, qui sait trier ses relations : lorsqu'il se prend à considérer quelqu'un comme son ami, Alec est déterminé à protéger cette personne coûte que coûte. Si seulement l'inverse pouvait être vrai. Beaucoup de personnes ne considèrent pas l'amitié avec autant de valeur que ce que lui donne Alec ; ainsi, il supporte très mal ce qu'il voit comme des trahisons, et peut se montrer très rancunier selon les circonstances.

DÉCRIVEZ L'APPARITION DE VOTRE DON ET LA FAÇON DONT VOUS LE MAÎTRISEZ.

PENSEZ-VOUS QUE LE GOUVERNEMENT PROTÉGE SUFFISAMMENT LES TRANSMUTANTS ?

[ÂGE] vingt ans j'suis jeune, yes, la bôté de la vingtaine... c'est absolument pas un mensonge (y). [PAYS OU FUSEAU HORAIRE] le fuseau horaire d'la france des français qui mangent d'la baguette et du fromage. [OU AS TU CONNU LE FORUM] un jour, j'étais en train de me promener et-... c'est pas réaliste, j'me promène jamais on l'sait bien. [PERSONNAGE] fut un temps, c'était un scénario, héhhé. [AVIS SUR LE FORUM] il est bien beau mais y'a pas de chauffage inclus, du coup j'ai froid quand même. [UN DERNIER MOT] wsh il fait déjà presque nuit à 17h21, l'inconvénient du changement d'heure. (also oui je sais bouh je poste ma fiche seulement maintenant parce que j'suis nulle une vilaine admin pourrie)

elizabethtown, kentucky (2002) ≈ alec, vingt ans l’air s’était refroidi aussitôt qu’il avait franchi la porte – et le temps s’était suspendu, retenu par un fil fragile. A la lumière qu’il venait d’allumer, appelant ses parents à travers les couloirs du manoir, Alec découvrait avec désarroi toute la grandeur de son impuissance. Il avait vu le corps de son père en premier, avachi sur le côté, les yeux grands ouverts, la bouche décrivant une expression de frayeur qu’il n’avait jamais – au grand jamais – vue se dessiner sur le visage du patriarche. Il avait été cet homme imprenable, montre en or au poignet et les assurances profondément implantées dans l’esprit : quelle piètre dernière image offrait-il ici, terrorisé jusque dans son dernier instant. On pourrait presque croire entendre son cri d’agonie se répercuter à travers tous les murs. Le cœur pris dans une chute vertigineuse, la nausée au bord des lèvres, Alec avait alors suivi le chemin d’un ruisseau de sang, l’azur si profond de ses yeux rencontrant le carmin, puis le blanc de marbre du visage de sa mère. « Non ! » le cri ahuri avait passé ses lèvres alors que déjà, son esprit se perdait dans un brouhaha d’incompréhension, un océan en pleine tempête qui l’éloignait inlassablement de la terre. Son refuge, son repère, sa famille. Les siens qui n’étaient plus ; le palpitant enserrant sa gorge, oscillant entre l’envie de vomir ses tripes et de hurler comme un animal blessé, Alec avait senti ses genoux percuter le sol, et l’odeur du sang glisser dans ses narines. Sur ses mains, la peau de la joue de sa mère qu’il caressa, avant de la secouer pour la réveiller. Qu’elle se réveille ! avait-il adressé comme prière paniquée au Ciel, au Tout Puissant, au Diable lui-même, s’il fallait qu’il soit le seul à l’écouter. Personne n’écouta, ni ne répondit.

elizabethtown, kentucky (2004) ≈ alec, vingt-deux ans instinct, justice, chasse ; des mécanismes avaient pris le pas sur la vie d’Alec, c’était là l’unique moyen qu’il avait trouvé de continuer. D’avancer. D’être encore. Chaque jour glissant autour de lui le rapprochait de son but : il le savait, et c’était ce seul moteur qui alimentait sa vie. Il n’y avait désormais plus d’étudiante en droit prétendant pouvoir reprendre le flambeau du paternel, ni joueur de football américain concentré sur les minettes au bord du terrain. Ni d’Alexander Lynch. Felix l’avait toujours appelé Alec, quelles que soient les circonstances – et c’était désormais sous cette appellation qu’il vivait, limitant bien souvent ses contacts à celui qu’il avait introduit à la chasse. Son meilleur ami, le frère qui était resté à ses côtés au moment où il avait dû mettre ses parents en terre. Le moment où il avait appris que la police soupçonnait un meurtre, mais qu’ils étaient incapables de faire quoique ce soit pour construire un dossier solide. La justice viendrait d’autre part ; l’assurance était née en lui aussitôt, et ne cessait de brûler depuis, dévorant tout sur son passage. Alec n’avait pas encore dormi, rentrant d’une nuit de chasse qui lui avait laissé quelques contusions sur le corps : s’il écoutait les conseils du Lecter, il passerait son temps à se reposer et à avaler des antidouleurs – quelque part, Alec avait le sentiment que Felix tentait (vainement) de le préserver. C’était trop tard. Ses parents étaient morts, et il savait qui les avait tués, quel monstre avait choisi de prendre en main la vie des Lynch et de la réduire à néant – qui avait tant terrifié son père au moment de pousser son dernier souffle. Lorsque Felix entra dans le petit gymnase qui leur servait de base d’entrainement, il découvrit un Alec trop occupé à affiner ses techniques, soulevant des poids de plus en plus lourds, frappant de ses poings fermés des pantins désarticulés, des sacs de sable, ou même un mur de pierre qui lui servait trop souvent d’exutoire, quitte à ce qu’il s’y pète les doigts. Quelque chose était mort en Alec, ce jour-là, lorsqu’il était resté agenouillé au côté des cadavres de ses parents, avant de retrouver ses esprits ; Felix ne l’acceptait peut-être pas, fustigeant son ami d’un regard accusateur, alors même que le Lynch attaquait son énième foulée de pompes sans se laisser le temps de reprendre son souffle. « J’vais bien. » finit-il par dire à son ami, en se relevant pour l’observer d’un regard défiant  - à défaut de dire autre chose, Alec s’efforçait de rester poli avec celui qui lui avait offert la possibilité de faire justice au nom de ses parents. Il n’en restait pas moins que la cause qui alimentait la volonté d’Alec, Felix ne la connaissait pas assez pour être juge de la situation.  

boston, massachusetts (2009) ≈ alec, vingt-sept ans « On l’a trouvé. Ton gars se situe à quelques kilomètres d’Elizabethtown, apparemment il vit plutôt normalement. » mais déjà l’esprit d’Alec s’était concentré sur les trois premiers mots prononcés par Felix ; le reste n’avait pas d’importance. Enfin ils l’avaient trouvé – quelque part, avec la montée d’adrénaline et l’impatience, était apparu un tout autre sentiment qu’il n’avait pas ressenti depuis bien longtemps déjà. Une certaine appréhension. Sept ans. Sept ans déjà qu’il vouait ses jours, ses nuits, chaque souffle qu’il prenait à retrouver ce type. Le meurtrier de ses parents, l’homme qui avait brisé en mille morceaux l’Empire Lynch, et fait de son existence quelques miettes d’une vie hantée par un regret sur lequel il ne voulait guère mettre de mots. Alec savait pourquoi il détestait cet homme autant – tout autant que parfois, il se disait que tout ceci était vain : la haine l’emportait inlassablement sur tout le reste, et toutes les raisons du monde lui semblaient légitimes. Sans se faire prier, il attrapa le dossier soigneusement préparé par l’équipe et apporté par Felix : « J’peux m’en occuper seul. » d’une œillade, il fit comprendre à son vis-à-vis de ne pas essayer de protester. Et Felix savait où était sa place dans la situation – il y avait un genre d’accord muet entre eux, et l’ami devait aujourd’hui honorer sa part du contrat. Rester en retrait, quoiqu’il advienne : peut-être que tout ceci n’était qu’une vendetta, la fin d’une quête de vengeance et non pas de justice. Il avait volontiers balayé de son chemin toute protestation à même d’ébranler sa détermination – il savait pourquoi il faisait ça, et c’était tout ce qui importait. Le dossier sous le bras, il empoigna son arc, rabattant sur son épaule le carquois plein de flèches presque réservées à cette occasion. En sept longues années, l’impatient jeune homme qui avait perdu ses parents était devenu tout autre – un redoutable adversaire, semant sur son passage des cadavres criblés de traits mortels. Peut-être bien que l’assassin de ses parents sentait se resserrer autour de lui un étau tout particulier ; ou peut-être bien qu’il ne verrait pas son Jugement venir.

boston, massachusetts (2014) ≈ alec, trente-deux ans il avait pensé à elle au moment de passer devant le fleuriste ; Alec n’avait jamais été ce genre de personne, à trop observer le monde autour de lui, à agir de manière inconsidérée, presque sur un coup de tête, au naturel. Ce n’était plus lui, depuis trop longtemps déjà. Dans ce monde, il survivait tout juste, sans se donner la peine de lui donner une quelconque saveur, continuant inlassablement à se battre pour la cause qui l’avait fait renaître : sans Felix, sans la chasse, il aurait pu s’effondrer, fils abandonné par des parents froidement assassinés. Il ne l’avait pas fait ; et aujourd’hui était accroché à son esprit le sentiment que c’était uniquement parce qu’il chassait, parce qu’il traquait des transmutants avec la volonté de protéger d’autres gens. Protéger ces inconscients du danger, et ne jamais faire connaître à qui que ce soit ce qu’il avait lui-même connu. Acheter des fleurs pour une femme ne faisait pas partie de son quotidien : elles entraient dans sa vie, et en sortaient presque aussitôt, occupant ses songes l’espace d’une nuit à peine, avant qu’il ne les oublie. Parfois elles lui donnaient leur numéro, dans l’espoir de le voir un jour les rappeler : rien ne restait fixé dans la vie d’Alec, si ce n’est sa volonté, sa place dans la police de Radcliff et les ressources qu’il tirait de cette situation. Ni vie privée, ni désir d’en construire une : l’épée de Damoclès qui avait frappé sa vie quand il avait vingt ans était toujours là, menaçant chaque miette de monde qu’il se construirait. Alors il ne construisait rien, c’était mieux ainsi. Acheter des fleurs lui semblait, bêtement, être le premier pas vers une erreur qu’il ne voulait pas commettre. Qu’il avait pourtant commise. Il avait regretté son geste avant même d’avoir vu Calista, le nez plongé dans le bouquet aux senteurs doucereuses : la dévisageant dans son dos, à quelques pas de là, Alec sentit peser sur sa conscience le sort de la blonde tout entier. Et si cela la menait à sa perte ? Bah voyons, un simple bouquet de fleurs, acheté presque sans arrière-pensée. Elle était jolie, intelligente, brillante, brisée lui avait-on dit. Un peu comme lui. Sauf qu’elle s’y connaissait en ordinateurs. Et qu’il s’y connaissait en d’autres choses. « C’est pour l’aide. Avec l’ordinateur. » se poussa-t-il finalement à dire, manquant de faire sursauter la jeune femme qui fit un brusque volte-face dans sa direction. Ils se dévisagèrent un instant, la gêne rattrapant Alec dans tous les questionnements qu’il avait eus jusque-là. Et si ça paraissait déplacé, tout simplement ? N’avait-elle pas connu assez de déboires comme ça, avec ce petit-ami tout récemment perdu à la cause des chasseurs ? Il détourna le regard, malgré lui, cherchant pour une seconde ses mots, une justification quelconque. « Je... c’est juste pour te remercier. Pour le service rendu. » l’envie d’y aller de but en blanc était là, de lui dire qu’elle ne devait pas se faire des idées avec cette simple petite attention. Mais quelque part, il avait envie de la préserver de son habituel caractère impétueux – quitte à en être presque pitoyable. « Pour égailler l’endroit. » acheva-t-il, presque fier de son éclair de génie, désignant dans un sourire entendu la cache impersonnelle dans laquelle la jeune femme travaillait parfois pendant des heures. Lui avait besoin d’action, d’extérieur – jamais il ne pourrait comprendre une femme comme elle, si apte à rester derrière une machine sans avoir envie de la balancer par la fenêtre. Encore une fois, elle savait des choses. Il en savait d’autres. Quelque part on pouvait presque croire qu’ils pourraient se compléter.

boston, massachusetts (2015) ≈ alec, trente-trois ans Il avait bu, mais ça ne changeait rien. Il ne savait quand même pas pourquoi il venait frapper à la porte de Calista : l’alcool n’était plus à blâmer dans l’équation, à ses dépens, Alec avait découvert que plus aucune liqueur n’avait d’influence sur son esprit. L’ivresse, si prompte à lui tirer des confessions, quelques sursauts d’humanité, lui était désormais inaccessible – quelle ironie. Etait-ce ça, la récompense qu’il avait, pour la vie qu’il avait choisie ? Etait-ce ça qu’il gagnait, à avoir sauvé des gens d’un Destin presque pire que le sien ? Quelque part, il n’avait jamais pris la peine de quantifier au combien il se détestait, détestait l’homme qu’il était devenu et détestait cette incapacité qu’il avait de faire les choses bien. Il y croyait, pourtant, désespérément accroché depuis peu à l’espoir d’être un type bien, quelqu’un digne que l’on arrête son attention sur lui – et tout ça pour quoi ? Pour tout foirer, avant même d’avoir laissé un semblant d’indice percer dans ses mots, quant à ce qu’il voulait. Ce dont il avait besoin, quelque part, égoïstement ou presque. Calista avait sans doute mieux à faire que de s’encombrer d’un handicapé des sentiments, froidement implacable, éternellement incapable de laisser la douceur de son âme atteindre le cœur changé en pierre qui battait au fond de son poitrail – cette idée lui avait fait repousser l’inéluctable, ce qui, désormais, lui avait glissé entre les doigts. Echappé, pour toujours. Alors qu’est-ce qu’il foutait là ? Il avait besoin d’elle, la vérité glissa d’entre ses lèvres sans même qu’il ne le réalise – il était là, le bilan de son existence. Certes, peut-être qu’il aurait pu aller vers Felix tout autant, pourtant, la révélation qui lui brûlait les lèvres lui semblerait plus insoutenable encore s’il devait l’avouer à son meilleur ami de toujours. Il était un monstre, et quelque part il savait – espérait – ne pas voir la haine transpirer du regard de Calista. Si c’était la dernière chose qu’il devait voir de ce monde. « Tue-moi. » la demande était là, palpable dans chaque fibre de son corps, chaque parcelle de son âme : il préférait crever que vivre comme ça. Crever que de devenir comme l’homme qui avait tué ses parents, détruit sa famille. Mourir, plutôt que de perdre les repères qui avaient fait toute sa vie : bien, mal, déjà tout se mélangeait à son esprit. Il savait qu’il détestait plus encore désormais le Bon Dieu ou Mère Nature pour avoir choisi pour lui – le frapper de cette malédiction. Il avait tout pour être tragique à cet instant, désespérément accroché à la clémence de quelqu’un qui le détestait. Il voulait mourir ; mais Calista refusa de lui offrir ce Salut qu’il demandait presque à genoux. Et au moment de déposer ce baiser sur ses lèvres, ultime révélation des mots qu’il n’avait que trop ressassé sans les prononcer, Alec ne savait pas s’il la détestait, s’il l’aimait pour ça.

boston, massachusetts (2016) ≈ alec, trente-trois ans Ses yeux s’ouvrirent sur les ténèbres, et pendant un instant, Alec se demanda s’il était bel et bien mort. Mais non, ce n’était pas le cas : sous sa gorge battait le sang à sa jugulaire, son cœur palpitant comme un furieux pour rattraper les bouffées d’air qu’il n’avait pas avalées depuis trop longtemps. En se redressant, le chasseur sentit une horrible migraine frapper sa tempe, avant de remarquer le sang ; les éclats vermeils qui avaient glissé sur ses doigts. Mais il était vivant, et en abattant une main contre le côté de sa tête, grimaçant d’une douleur insoutenable, il parvint à extraire la balle logée dans son crâne. Cette même balle finement sculptée qui avait tué tant de transmutants – de monstres. Elle était presque encore chaude, mais à la place de la mort, Lynch venait de trouver une résurrection qu’il ne désirait guère. La mort se refusait à lui désormais, après tant d’années qu’il avait passées à la fuir pour remplir son devoir. Voilà que les rôles étaient inversés. Une seconde après, lorsque ses doigts passèrent à l’endroit de l’impact, il n’y avait plus rien ; une peau neuve et douce. Ses cicatrices avaient disparu, chaque trace de ses batailles passées. D’autres y auraient vu un cadeau, il savait déjà ce que c’était pour lui – la pire ironie qui soit.