2001
Résidence Rivera – Roswell, NM
Gabriela, est-ce que ça va ? La voix de sa mère. Gabriela passa une main tremblante sur son visage.
Ca va, maman ! répondit-elle, sa voix étonnamment plus assurée qu’elle ne l’aurait pensé. Elle attendit en silence et après ce qui lui sembla être une éternité, elle entendit les pas de sa mère qui s’éloignait. S’appuyant au lavabo face à elle, elle soupira, demeurant quelques instants les yeux fermés. S’il y a bien une chose qu’elle avait compris depuis toutes ces années, c’est que son père n’appréciait pas la faiblesse. Alors elle avait forgé ce masque d’impassibilité qu’elle portait dès qu’elle était en sa présence. Dès qu’il parlait des mutants. Dès qu’il torturait, tuait sous ses yeux. Elle était sa seule héritière, elle devait apprendre. Tous les espoirs de son père reposaient sur ses épaules. Elle devrait reprendre le flambeau et poursuivre cette tradition familiale qu’elle abhorrait en silence. Plus le temps passait, plus il se montrait cruel, et plus ce masque devenait difficile à porter.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, son regard se posa sur les tâches de sang qui marquaient encore l’émail du lavabo et elle s’empressa d’ouvrir le robinet pour les faire disparaître. Il l’avait faite participer. Il avait insisté. Et elle avait obéit, car elle ne savait que trop bien ce qui arriverait si son père n’obtenait pas ce qu’il voulait. Rien que d’y repenser, son estomac recommençait ses sauts de cabri, menaçant une fois de plus de l’envoyer vider tout son contenu dans la cuvette, à deux pas de là. Gabriella inspira profondément. Relevant la tête, elle croisa le regard de son reflet dans le miroir, juste devant elle. Il lui renvoyait le visage d’une adolescente. Ses longs cheveux bruns étaient tirés en une queue de cheval, dégageant son visage rendu plus pale que d’ordinaire par le dégoût et l’effroi. Elle était déjà grande pour ses seize ans, et si elle restait mince, elle était nettement plus musclée que ses camarades de classe. C’était là le résultat des longues heures d’entraînement imposées par son père depuis son jeune âge. Ca, et les quelques cicatrices qui marquaient déjà sa peau.
Gabriela passa ses mains sous le robinet, recueillant un peu d’eau dans le creux de ses paumes, et se baissa pour s’en asperger le visage. Elle referma le robinet avant de se redresser à nouveau et fronça les sourcils.
Qu’est-ce que… murmura-t-elle, interdite. Elle se pencha en avant pour se rapprocher de la surface du miroir et s’examiner de plus près. Si son œil gauche brillait de sa naturelle couleur verte, qu’elle avait héritée de sa mère, l’autre était devenu bleu. Gabriela ferma les yeux et les rouvrit, croyant à une illusion d’optique. Elle alluma même la lumière au dessus du miroir mais rien ne changea. Elle arborait un œil vert, et l’autre bleu. Et puis, aussi brusquement qu’il était apparu, l’azur disparu pour rendre sa place à l’émeraude, sous le regard médusé de Gabriela.
Dios mio… ***
2007
New York City, NY
Des éclats de rire résonnaient dans le petit loft de Brooklyn. Cinq années déjà que Gabriela avait quitté son Nouveau Mexique natal pour New York et intégré la prestigieuse université de Columbia. Son père aurait voulu qu’elle reste, bien sûr. Qu’elle l’accompagne dans sa folie meurtrière, qu’elle devienne chaque jour un peu comme lui, mais ce n’était pas comme si elle avait été acceptée dans n’importe quelle université. Columbia, l’Ivy League… Ca ne se refuse pas, pas quand on possède, comme son père, un orgueil démesuré. Et c’était justement à cause de lui que Gabriela avait été déterminée à étudier à l’autre bout du pays. Elle voulait être aussi loin que possible sa famille. Loin de son père. Loin de sa haine des mutants et de la chasse qui allait avec. Loin de la haine qu’elle lui inspirerait s’il venait à apprendre que sa propre fille portait ces gènes qu’il maudissait. Elle avait l’impression de pouvoir vivre, de respirer. Enfin.
Et elle était heureuse. En partie parce qu’elle n’était pas seule. Toute sa vie pourtant, la solitude avait été présente. Son père ne faisait confiance qu’à bien peu de monde et il avait appris à sa fille à en faire de même mais maintenant qu’il n’était plus là pour gérer sa vie, Gabriela était libre. Libre de faire des erreurs, libre de s’amuser, libre d’avoir des amis… Et libre d’aimer. L’amour, c’était une faiblesse d’après son père. Pourtant, elle ne s’était jamais sentie aussi forte qu’avec Noah.
Stop, stop, STOP ! s’exclama-t-elle en riant.
C’est bon, je me rends, t’as gagné ! Elle se laissa retomber en arrière sur le lit, à bout de souffle. Comment ils en étaient arrivés à se chamailler ainsi, comme deux enfants ? Elle ne s’en souvenait même plus.
Et je gagne quoi ? lui demanda-t-il, le regard brillant de malice avant de se laisser retomber à côté d’elle, croisant les bras derrière sa nuque.
Ce que tu voudras. Gabriela pivota légèrement, juste assez pour pouvoir s’installer confortablement, croisant ses bras sur le torse du jeune homme avant d’y poser sa tête. Le silence plana quelques instants, avant que Noah ne reprenne la parole.
Un jour je vais t’épouser, Gabriela Rivera. dit-il, comme si c’était un fait scientifiquement avéré.
Vraiment, hm ? Gabriela haussa les sourcils, un léger sourire se glissant sur ses lèvres.
Vraiment. Je vais t’épouser, et on aura douze gamins… Il s’interrompit en voyant l’expression du visage de Gabriela.
Oui, j’exagère un peu. Dix. La jeune femme éclata de rire alors qu’il poursuivait.
Des chiens, des chats, tout ce que tu voudras. On déménagera même au bout du monde pour élever des alpagas, si ça te fait plaisir. Nouveau rire. Noah avait un débit d’âneries à la minute assez impressionnant, mais cela faisait partie des choses qu’elle aimait chez lui. Ils ne s’ennuyaient jamais, peu importe les circonstances, il trouvait toujours le moyen de la faire sourire. Elle savait tout de lui, et il savait tout d’elle et de sa famille de cinglés. Elle avait craint qu’il ne fuit en apprenant qu’elle était issue d’une famille de chasseur, mais il était resté.
C’est cool, les alpagas, approuva-t-elle avec un sourire.
Est-ce que c’était une drôle de façon de me faire ta demande, ou je me fais des idées ? Venant de sa part, ça me l’étonnerait même pas. C’était plus son genre qu’une demande en grande pompes, avec des roses partout et un costume sur le dos. Le naturel, la spontanéité, ça leur ressemblait plus, à tous les deux.
Ca dépend de ta réponse. Si tu dis oui alors ouais, peut être. Mais si tu dis non, c’est la honte... Gabriela se redressa légèrement avec un sourire.
T’es un idiot, tu le sais ça ? demanda-t-elle, ses lèvres allant retrouver celles de Noah avant qu’il n’ait le temps de répondre quoi que ce soit.
***
2007
New York City, NY
La pluie tombait légèrement sur New York. Une mer de parapluie s’était répandue dans le cimetière de New York. Gabriela n’en avait pas. Elle se moquait bien de la pluie, ou même du froid. Elle avait revêtu ce masque d’impassibilité qu’elle avait si longtemps laissé de côté, ne laissant rien transparaître de la douleur qui lui déchirait le cœur. Elle avait été heureuse, depuis son arrivée à New York. Plus heureuse que jamais. Mais cette parenthèse enchantée avait eu une fin brutale. La police avait conclu à une agression, c’était en tout cas la version officielle. Mais Gabriela connaissait la vérité. Ils avaient raté leur coup, Noah n’était pas mort dans cette ruelle. Il avait été transporté à l’hôpital, il avait même repris connaissance un petit moment, faisant naître en Gabriela l’espoir qu’il s’en sortirait.
Des chasseurs… Ils savent Gaby… Ils sont au courant pour toi aussi… avait-il réussi à l’avertir, avant que son état n’empire et que la mort ne finisse par l’emporter. Si les chasseurs savaient ce qu’elle était, alors ce n’était qu’une question de temps avant que son père ne l’apprenne lui aussi. Elle aurait pu partir, disparaître… C’était hors de question.
Qu’ils viennent,pensa-t-elle, le regard rivé sur le cercueil qui abritait le corps de celui avec qui elle avait partagé les trois dernières années. Celui avec qui elle aurait dû en partager beaucoup plus. Toute une vie, peut être. Elle ne le saurait jamais.
Je vais leur montrer ce que c’est, une dégénérée. Elle n’avait jamais partagé la haine de son père pour les mutants, encore moins depuis qu’elle avait découvert qu’elle en était une, mais elle n’avait jamais condamné les actions des chasseurs. Certains mutants abusaient de leurs pouvoirs et il fallait bien quelqu’un pour les stopper, n’est-ce pas ? Mais Noah n’était pas de ceux-là, et il n’avait pas mérité son sort. Alors qu’ils viennent, ceux qui le lui avaient arraché. Qu’ils viennent finir le travail. Son père l’avait entraînée après tout et même si en apparence elle n’avait pas l’air bien menaçant, elle était une combattante redoutable. Il s’en était assuré…
***
2015
Skagen, Danemark
Ce n’était pas l’envie de voir du pays qui avait poussé Gabriela à quitter Boston pour se rendre au Danemark. Oh bien sûr elle aimait voyager et grâce à son salaire de psychiatre dans un prestigieux hôpital de Boston, elle n’en était pas à son premier séjour outre-Atlantique… Mais elle n’avait pas traversé le monde pour faire du tourisme. Son père lui avait appris la chasse, et elle avait abandonné cet aspect de sa vie pendant longtemps. Grâce à lui, elle avait reprit les armes et cette fois, il serait la proie.
Deux mois déjà qu’elle courait après ses parents et elle n’aurait de repos que lorsqu’elle les aurait retrouvés. Lorsqu’elle aurait mis une balle entre les yeux de cette pourriture et qu’elle pourrait enfin serrer son fils dans ses bras. Tout ce qu’elle avait de lui, c’était cette photo prise à l’hôpital, ce petit être blotti dans ses bras, ce petit bout de bonheur rien qu’à elle et qu’ils étaient venus lui arracher. Elle se moquait du pourquoi. La vengeance, sûrement. Et puis il lui fallait bien quelqu’un pour remplacer son insubordonnée de fille. Quelqu’un qu’il pourrait modeler à son image. Un garçon, de préférence – il avait toujours voulu un garçon, et sa femme ne lui avait donné qu’une fille, à son grand regret. Malgré ça, il avait fait d’elle une machine à tuer, une arme, et il en ferait les frais. Il était hors de question que son petit James grandisse comme elle avait grandit – dans la violence, l’exigence démesurée des hunters, dans cette intolérance qui les caractérisait tous autant qu’ils étaient. Leurs idéaux, elle les avait bien longtemps laissé derrière elle. Elle n’y avait jamais vraiment cru, pour être honnête. Elle avait juste eu trop peur pour lui tenir tête. Mais aujourd’hui, Gabriela n’avait plus peur.
Il lui avait filé entre les doigts. Une fois de plus. Assise à une petite table à l’écart du reste de la clientèle, elle remuait distraitement le contenu de son verre auquel elle n’avait quasiment pas touché. Elle n’avait même pas le cœur à noyer son chagrin dans l’alcool. Mais, alors qu’une broyait du noir, un jeune homme vint à sa rencontre et l’interpella en danois. Lorsqu’elle lui signifia qu’elle ne parlait pas un traitre mot de sa langue, il enchaîna sans sourciller dans un anglais parfait. Finalement, il s’installa à sa table et ils parlèrent, des heures durant. De tout, de rien, de la raison de sa présence dans cette ville… Ils se revirent plusieurs fois, Joren – car c’était son nom – l’aida dans ses recherches et si le but de Gabriela avait tout d’abord été d’utiliser le jeune homme, de profiter de ses contacts dans le monde de la chasse, elle se fit rapidement prendre à son propre jeu. Ce soir là, ce fut le début d’une belle histoire.
Mais Joren était un chasseur, et elle était une mutante – ce qu’elle s’était bien gardée de lui dire, évidemment. Elle ne fut pas aussi discrète qu’elle l’avait pensé, cependant car il fini par découvrir le pot aux roses. Gabriela, qui en était venue à faire lui faire confiance, elle qui avait pourtant tant de mal à s’ouvrir, ne vit rien venir. Lorsque l’aiguille perça sa peau, lorsque le liquide se répandit dans ses veines, elle ne comprit pas tout de suite ce qu’il lui avait fait. Une trahison. Peu importaient ses intentions, qu’il veuille la protéger, qu’il pense que c’était la bonne chose à faire… C’était une trahison. Les jours qui suivirent furent difficiles. Cette saleté de vaccin l’avait rendue malade et son corps ne cessait de changer d’apparence sans qu’elle ne puisse rien y faire, au point de l’épuiser. Et puis finalement il arrêta, et jamais plus elle ne pu se métamorphoser. Le problème ? Le corps dans lequel elle se voyait prisonnière n’était pas le sien…
***
Mai 2017
Waco, TX
Gabriela était heureuse. Etait-ce possible ? Elle avait fini par croire que ce moment n’arriverait jamais. Ca n’avait pas été simple pourtant mais elle y était arrivée. Elle avait retrouvé Joren, par le plus grand des hasards, quelque part dans une ville au beau milieu du Texas. Ils avaient réglé leurs comptes et s’étaient à nouveau rapprochés. Elle avait découvert que sa famille n’était peut être pas composée que de fous-furieux en apprenant à connaître un cousin qu’elle n’avait connu jusque là que de nom. Tant bien que mal, avec l’aide de Joren et de Cesare, elle avait obtenu sa vengeance et récupéré son fils, son petit James. Et puis il y avait cette petite princesse, venue s’ajouter à son bonheur quelques jours plus tôt. Silja, en l’honneur des origines danoises de Joren. Ses origines à elles, elles étaient aux oubliettes depuis longtemps.
Le chemin avait été long, difficile, semé d’embuche. Il y avait eu des hauts, des bas, des larmes, du sang… Mais enfin, elle était heureuse. Pour combien de temps ? Elle n’avait pas envie de se poser la question. Pour le moment, Gabriela voulait seulement en profiter. Elle l’avait mérité. Ils l’avaient mérité, autant elle que Joren ou James, avec qui elle avait eu tant de mal à renouer un lien après la mort de sa grand-mère, seule présence maternelle que le petit avait connue jusque là. Et Silja le méritait aussi. Alors pour le moment, Gabriela ne voulait pas penser au fait que Le Texas n’était pas l’endroit idéal pour élever ses enfants. Elle ne voulait pas penser aux Hunters qui sévissaient toujours, ni à ce groupe pro-mutant qu’elle avait refusé de quitter, dans le seul et unique but de récolter des informations et de faire tomber celle qui avait usurpé la place de leader. La réalité la rattraperait bien assez vite.
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Septembre 2017
Woodway, TX
Depuis combine de temps était-elle enfermée là, dans cette petite cellule au milieu de Dieu sait où ? Gabriela l’ignorait. Elle avait tenté de trouver des repères afin de garder en tête le fil des jours, des semaines qui s’écoulaient, mais elle avait fini par s’y perdre. Elle avait joué avec le feu, et elle s’était brûlée. Joren l’avait averti. Ils s’étaient disputés à ce sujet à maintes reprises mais elle n’avait rien voulu savoir. Elle avait voulu être utile, aider Isolde, récolter des informations sur ce nouvel Insurgency… Elle n’avait pas dû être assez convaincante dans son rôle d’infiltré. Sa prison en était la preuve. Pour le pas devenir folle, elle se raccrochait à une seule chose. Joren. Ses enfants. Sa
famille. Elle avait si longtemps haï ce mot, jamais elle n’aurait pensé qu’il reprendrait une telle importance.
Entendant des bruits de pas s’élever dans le couloir, elle releva la tête. Deux sbires de Demelza apparurent de l’autre côté des barreaux. L’un d’eux déverrouilla la porte de sa cellule et ils entrèrent. Elle n’eut pas la force de protester lorsqu’ils la forcèrent à se lever et à les suivre. Des évasions, elle en avait tenté plusieurs. Elle s’était battu, s’était usé les doigts jusqu’au sang pour récupérer cette foutue vis qui maintenait le cadre de son lit et avait profité de l’effet de surprise pour le planter dans la carotide de l’un de ses geôliers. Il n’avait jamais refait surface. Lassés de ses tentatives à répétition, ils avaient fait en sorte qu’elle soit trop faible pour mettre un quelconque plan désespéré à exécution. Tous les moyens étaient bons. Pourquoi ils la gardaient en vie, elle l’ignorait. Son seul nom de famille aurait été un prétexte suffisant pour justifier sa mort aux yeux de nombre de mutants.
Sans le moindre ménagement, ils l’installèrent sur une chaise, pieds et poings fermement liés, puis ils sortirent, la laissant seule dans une pièce baignée d’une lumière crue qui agressait ses rétines. Pas de fenêtre, une chaise vide trônait juste devant elle. Les minutes passèrent dans un silence de plomb puis la porte s’ouvrit, laissant passer deux femmes. Demelza et une autre mutante que Gabriela avait déjà croisée sans lui prêter attention.
Elle ne doit pas se rappeler de quoi que ce soit, dit Demelza à sa sous-fifre d’un air entendu. Gabriela était faible, vulnérable… Mais ça ne l’empêcha pas de les fusiller du regard, gardant la tête haute. Elle était fière, Gabriela, quoi qu’il puisse lui arriver elle n’était pas du genre à supplier, à se planquer dans un coin et se faire toute petite ou à baisser le regard.
Ca risque de faire mal, dit la mutante d’un air mauvais en s’asseyant face à elle. Pour toute réponse, Gabriela lui cracha au visage. La mutante s’essuya d’un revers de manche et tendit les mains vers elle, les plaçant de chaque côté de sa tête, et ferma les yeux.
Il ne se passa rien. Gabriela s’apprêtait d’ailleurs à le faire remarquer, mais elle n’en eut pas le temps. Une douleur vive, puissante, aveuglante traversa son crane. Elle tenta de retenir le cri qui menaçait de lui échapper mais sans grand succès. Des images défilèrent derrière ses paupières closes, s’effaçant, se déformant une à une. Sa vie toute entière, ses parents, ses enfants, Joren… Tout lui fut arraché, sans la moindre pitié jusqu’à ce que l’inconscience ne s’empare d’elle et ne la plonge dans l’obscurité la plus totale.
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Octobre 2017
Woodway, TX
Rivera ! Gabriela releva le nez de l’arme qu’elle était en train de remonter, sans pour autant interrompre ses gestes. Elle aurait pu le faire en dormant. Ces gestes elle les avait répétés des centaines, des miliers de fois sous le regard exigeant d’un père dont elle ne se rappelait plus. Plus vraiment, en tout cas.
On a une piste sur le chasseur qui a tué ta fille, l’informa-t-il. La mine concentrée de la jeune femme se durcit et elle termina en quelques seconde de remonter son arme avant de se lever. Car c’était ça, à présent, qui la faisait se lever chaque matin. Ce groupe pro-mutant aux méthodes ni conventionnelles, ni légales. Elle avait tout perdu ou en tout cas, elle en était convaincue. Alors quand elle avait entendu parler de cette organisation, elle n’avait pas hésité une seule seconde avant de la rejoindre. Les Hunters étaient un fléau dont elle devait se débarrasser et elle ne s’arrêterait devant rien pour tuer celui qui lui avait prit son enfant. La cicatrice qu’elle portait encore à l’abdomen, souvenir de ce jour funeste où sa vie avait volé en éclat, le lui rappelait chaque jour. Deux jours plus tôt, elle était encore enfermée dans cette maudite cellule, mais elle n'en gardait aucun souvenir. Tout avait changé. Elle avait changé, et elle n'en avait même pas conscience. Sa nouvelle cible, désignée par les bons soins de Demelza, chef de ce groupe devenu terroriste, bien qu’il n’ait pas été créé dans ce but ? Cesare Demaggio, récemment arrivé à Boston. Quelques jours plus tard, Gabriela avait remballé ses quelques affaires et sauté dans sa voiture direction Boston.