[ÂGE] 23 ans et encore une bonne partie de mes dents. [PAYS OU FUSEAU HORAIRE] France donc UTC+01:00 [OU AS TU CONNU LE FORUM] J’ai connu l’ancienne version par un topsite ! [PERSONNAGE] Personnage inventé. [AVIS SUR LE FORUM] C’est très cool, je suis contente de revenir ici ! [UN DERNIER MOT] j’ai l’impression que je devrais mettre un code ici mais j’en ai pas vu en lisant le règlement ._.

La vie d’Alex était banale. Fille unique d’une famille dysfonctionnelle, à la merci des frasques de ses parents, la jeune fille avait tout ce qu’elle voulait mais était refermée sur elle même. Ses parents n’hésitaient pas à dire à quel point elle était parfaite et adoraient donner cette image de famille parfaite de banlieue chic, et la fillette se sentait utilisée. Les marques d’affection n’étaient pas légion chez les Blythe, en tout cas pas entre les parents et leur fille. S’ils étaient prêts à payer pour tout et n’importe quoi, ils n’étaient en revanche pas en mesure de donner à leur fille un support émotionnel ou un noyau familial stable. Dans leur grande maison de banlieue chic, au milieu de toutes ses possessions matérielles, Alex s’ennuyait. Si au début elle subissait, faisant de son mieux pour arriver à hauteur des espérances de ses parents, en grandissant, elle commença à se construire en opposition à leur morale bourgeoise-bohème. Il faut bien le dire, si le côté bourgeois était authentique, la bohème, en revanche, manquait. Sa mère tentait de contrôler tout ce qu’elle faisait, qui elle fréquentait et qui elle invitait. Il lui fallait absolument éviter les mauvaises fréquentations. Ses parents souhaitaient qu’Alex suivent leur traces et fasse des études de droit, afin d’être procureure ou, idéalement, de reprendre leur cabinet d’avocats.

Seulement voilà, Alex n’avait aucun intérêt pour le droit et les affaires de ses parents. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait faire, mais elle savait qu’elle ne voulait pas marcher dans les pas de la génération précédente. Aussi, progressivement, elle se plaça en contradiction totale quant à eux. Son look changea, des cardigans preppy et des jupes couleur pastels à des pulls trop grands, des vêtements noirs, des jeans déchirés. Ses parents donnaient de l’importance à la littérature et la musique classique, alors elle s’intéressa aux comics, au rock, à tous les styles de musiques qu’ils seraient susceptibles de qualifier de « bruit ». Elle n’avait pas le droit de jouer aux jeux vidéos, alors elle passait des heures à dépenser tout son argent de poche à la salle d’arcade. Elle mis un point d’honneur à ne pas s’entendre avec les enfants de leurs amis, et à se contrefoutre de leur avis sur ses amis à elle.

Finalement, peut être faisait elle tout ce que les filles de banlieue chic font lorsqu’elles veulent se rebeller, mais ça lui plaisait bien. Elle utilisa l’argent des leçons de piano pour s’acheter une basse. À vrai dire, la personne qui la soutenait le plus était son grand-père paternel, Sean Blythe, un vieux rocker excentrique et étonnamment anarchiste malgré son statut social élevé. Alex se demandait souvent comment son grand père avait pu engendrer quelqu’un d’aussi nul et sans intérêt que son père. Peut être qu’à l’origine, il avait des idéaux, et que c’était sa mère qui l’avait édulcoré et rendu aussi intéressant qu’une vieille semelle usée. Alex n’était pas sûre de vouloir savoir.

C’est à quinze ans que la chose arriva. Alex se réveilla un matin dans un corps qui n’était pas le sien. Un corps qui possédait un pénis et des épaules larges et des cheveux courts et bruns. Comme prévu, ses parents ne l’avaient pas spécialement bien pris. C’est alors qu’Alex avait appris que son grand père était déjà un transmutant et que le gêne avait, manifestement, sauté une génération. Seulement à partir de là, les choses avec ses parents s’étaient détériorées. Ses parents voulaient simplement un enfant pour compléter le schéma de la parfaite petite famille, mais n’avaient pas prévu qu’ils se retrouveraient avec une adolescente cynique, agressive, et qui se transformait aléatoirement en garçon aux hormones florissantes. Alex sortait, Ira ramenait des filles et même des garçons, Alex jouait de la basse, Ira fumait des cigarettes, et quelle que soit la forme du moment, l’hostilité envers James et Patricia Blythe était palpable. L’administration avait était informée du statut d’Alex, et ça avait évidemment compliqué les choses, mais dans l’ensemble, ses amis n’en avaient pas grand chose à faire, étant déjà des gamins marginaux, troublés et relativement contents de pouvoir causer du trouble. Certains d’entre eux avaient également des mutations, aussi, finalement, les seuls à être vraiment embêtés par cette histoire étaient les parents Blythe. Malgré le harcèlement scolaire, les bagarres, et les rumeurs, Alex était plutôt contente.

Les soirées se passaient à répéter avec son groupe, ou à fumer des joints sous les escaliers du lycée en se passant une seule canette de bière à quatre ou cinq. Même si clairement, Alex, et a fortiori Ira appartenaient au groupe des inadaptés sociaux, ses notes n’étaient pas si mauvaises et elle commença à songer à l’université. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien étudier ? La médecine légale semblait une bonne idée, la musique aussi. Pourquoi ne pas faire les deux ? Elle se décida sur une majeure médecine légale et une mineure musique. Malgré tout, mine de rien, avec un emploi du temps correctement foutu, au bout de la deuxième ou troisième année elle pourrait peut être prendre un contrat en alternance ou un boulot à temps partiel. Seulement il fallait payer. Alex se tourna vers son grand père une fois de plus. Seulement, l’été précédent son entrée à la fac, où elle était entrée grâce à son aide, le vieux rockeur eut un accident cardio-vasculaire. Alex sauta immédiatement dans un avion malgré l’interdiction formelle de son père, n’ayant qu’une vague notion de la gravité de la situation. Elle arriva juste à temps pour recueillir les dernières volontés de Sean, et le serrer dans ses bras alors que la vie le quittait. Elle songea à rester en Angleterre, mais malgré son accent cultivé, elle n’y avait aucune attache, et l’immigration risquait d’être compliquée pour quelqu’un comme elle, qui n’avait aucun contrôle sur sa mutation. Sans surprise, Alex hérita de tout ce qui restait de la fortune de son grand père, et d’un appartement à Londres.

Elle fit mettre toutes les affaires de son grand père dans un container et l’envoya aux Etats-Unis, et vendit l’appartement de Shoreditch à un collectif d’artistes qui voulaient en faire un atelier/galerie pour une bouchée de pain. L’argent ne l’intéressait pas. Sean aurait voulu que le lieu soit vivant et habité par des artistes. Elle s’acheta un appartement en rez de chaussée dans une immeuble d’un quartier relativement résidentiel, et la première année d’université, ne prit pas d’emploi à côté de ses études, occupée qu’elle était à retaper elle même la grande majorité de l’appartement, du jardin, et de l’impala Chevrolet 1981 délabrée qu’elle avait récupérée dans une décharge. Alex s’amusait de ne s’occuper de la voiture qu’en étant Ira, et le rôle du mécano au t-shirt plein de camboui avait eu de l’effet sur quelques passants, mais aucun n’était resté plus que la nuit. Et ça allait très bien à Alex comme ça. La solitude lui allait plutôt bien, et elle avait divisé sa vie en deux, ayant même des fréquentations qui ne connaissaient qu’Alex, ou bien Ira.

C’était trop compliqué d’expliquer, alors Alex menait une double vie. Globalement, ses camarades de musique connaissaient Ira, ceux de médecine légale Alex. Son insomnie aidant, elle prit deux jobs, chacun à temps partiel. En quatre ans à Boston, Alex ne s’était pas vraiment fait d’amis proches, et préférait éviter de parler de sa mutation, annulant les sorties avec tel ou tel groupe si l’apparence n’était pas la bonne ce jour là et qu’elle était incapable de se transformer, ce qui était généralement le cas. Elle n’avait pas refondé le groupe et ne s’engageait pas dans des activités récurrentes à part le travail, où, évidemment, ses employeurs étaient au courant. Si quelqu’un tombait sur des affaires d’Alex en ne connaissant qu’Ira ou l’inverse, elle ou il disait simplement que ça appartenait à sa sœur/son frère/son plan cul/son cousin au troisième degré. Alex/Ira cultivait le mystère. Et ça lui allait bien comme ça. Mais peut être faudrait il, à un moment, songer à s’ouvrir aux autres et se révéler un peu. Un jour, peut être.